Histoire des serpents

Histoire des serpents

Les fossiles des serpents sont très rares et difficiles à trouver ! En fonction des fossiles découverts, il est même délicat de savoir s’ils appartiennent à des serpents ou à d'autres lézard ! En tout cas, les plus anciens serpents sont datés d’il y a plus de 150 millions d’années (Jurassique) et montrent déjà leurs dents typiquement recourbées. Ce n’est toutefois qu’après l’extinction des dinosaures que la diversification des espèces prend de l’ampleur, en même temps que celles des mammifères… qui vont constituer des proies de choix !

Histoire de pattes…

Pour l’Homme, bipède par excellence, la perte de pattes apparaît bien malheureuse ! Pourtant, elle s’est avérée constituer un avantage sélectif et s’est produite plusieurs fois au cours de l’évolution. La perte des pattes permet de se déplacer, de chasser et de fuir avec vitesse, et de coloniser des environnements très variés (galeries souterraines, sols, eaux douces et salées, arbres…). Aujourd’hui, tous les serpents sont apodes (sans pattes), mais également de nombreux lézards comme les orvets et les amphisbènes. Quelques serpents, les boas et les pythons, ont gardé des vestiges osseux d’une paire de pattes postérieures atrophiées.

 

Biologie des serpents

Les yeux plus gros que le ventre !

Pour choisir leurs proies, les serpents n’ont pas toujours le compas dans l’œil. Certains sont obligés d’abandonner le trophée durement chassé, d’autres s’étouffent carrément ! Même avec une mâchoire extensible, sans couteau ni fourchette, mieux vaut choisir une portion qui s’avale en une fois...

 

Changement de peau

Afin de pouvoir continuer à grandir mais aussi pour maintenir leur peau en bon état, les serpents muent généralement deux à trois fois par an. Ils se séparent d’une vieille couche superficielle de la peau, appelée exuvie, pour laisser la place à une nouvelle couche leur donnant un aspect neuf et brillant... Les êtres humains muent également, mais cela se fait de façon imperceptible, sauf à la suite d’un bon coup de soleil ! La mue, délaissée par le serpent comme une vieille chaussette, est un bon indice de sa présence pour le naturaliste. Si elle est bien préservée, on peut savoir de quelle espèce il s’agit grâce à la disposition et au dessin des écailles ou encore aux marques sombres retraçant les motifs de la robe du serpent, comme les zigzags d’une vipère.

Big mama

Chez les couleuvres aquatiques, c’est Madame qui en impose... Les femelles de la couleuvre helvétique  peuvent mesurer jusqu’à 140 centimètres de long, alors que les mâles dépassent rarement 80 centimètres. Mais pas de danger pour Monsieur, les femelles serpent ne croquent pas les mâles comme chez les mantes religieuses...

 

Hibernation / Estivation

Pendant les périodes froides ou chaudes, les serpents, qui n’ont pas de chauffage ou de climatiseur (transpiration) intégré comme les mammifères, doivent trouver des solutions pour survivre. La plupart d’entre eux trouvent un abri, souvent souterrain, où les températures restent clémentes toute l’année : terrier de rongeur, cave de maison, cavité dans les rochers... Ce processus s’appelle l’hibernation quand il fait froid et l’estivation quand il fait chaud et/ou trop sec. En Méditerranée, certaines espèces n’hibernent que partiellement et sortent pour un bain de soleil même en hiver si des températures douces le permettent.

Gardez votre sang froid...

Les serpents n’ont pas le sang froid : ils sont ectothermes. Leur température varie avec celle de leur environnement. Un serpent en activité est souvent chaud ! À l’inverse de l’homme, les serpents n’ont pas besoin de dépenser de l’énergie pour produire de la chaleur quand il fait froid, ou de transpirer pour se refroidir quand il fait trop chaud. Ce sont d’excellents modèles d’économie d’énergie ! Cela impose évidemment quelques accommodements, notamment de ne pas être actif en période froide ou trop chaude... mais à la différence de l’ours, qui voit ses réserves graisseuses fondre pendant l’hibernation, le serpent ne consomme quasiment rien et reparaît au printemps avec un poids équivalent à celui de son entrée en dormance !

Méga feinte...

En France, les couleuvres dites aquatiques (couleuvre helvétique, astreptophore, vipérine et tessellée) partagent toutes un comportement étonnant car elles ne mordent pas pour se défendre... La plupart du temps, elles se « laissent aller »... et répandent un liquide nauséabond qui dégoûte leurs prédateurs, et même pas mal d'herpétologues ! Certaines vont même jusqu’à simuler la mort en mettant le ventre en l’air et en ouvrant la bouche avec la langue pendante...

 

État de conservation des serpents

Les serpents sont-ils en régression ?

Plusieurs études récentes montrent un effondrement alarmant des populations et des effectifs de serpents, que ce soit en France ou ailleurs dans le monde. Les herpétologues de terrain constatent également ce déclin ! Si l’une des causes directes est imputable à la destruction de leur habitat, il s’avère que les populations chutent également au sein des espaces protégés. Dans ce dernier cas, les causes demeurent mystérieuses.

 

Des serpents et des hommes

D'où vient la peur des serpents, innée ou acquise ?

La peur irrationnelle des serpents est souvent expliquée par l’héritage biologique de nos ancêtres. Au fil de mauvaises rencontres, les hommes auraient appris à se méfier des serpents ; on aurait ça dans le sang ! Curieusement, peu d’attention a été portée au rôle de l’apprentissage. Car cette peur soit-disant instinctive est le plus souvent transmise par la façon dont nos proches réagissent à la vue d’un serpent ou plus généralement de quelque chose d’effrayant. Cette transmission de la peur est aujourd’hui largement liée à la façon dont les serpents sont décrits par les médias : comme des espèces dangereuses et agressives. Des expériences montrent qu’avec un minimum d’éducation et de connaissances, les plus jeunes s’en affranchissent et que, naturellement, ils apprennent à vivre avec les serpents sans crainte et cherchent même à les protéger.

Morsures de vipères en France... Qu’en disent les chiffres ?

En France métropolitaine, les morsures de vipères sont très rares, à peine un peu plus d’une centaine chaque année, dont une vingtaine sérieuse. Certaines morsures sont sèches, c’est-à-dire qu’aucun venin n’a été injecté. Pour les autres, l’utilisation des sérums antivenimeux peut être nécessaire, voire vitale. Il y a eu moins de 5 décès enregistrés au cours des 10 dernières années en France, et presque à chaque fois liés à une prise de risque volontaire ou faute de soins appropriés. Dans tous les cas, les personnes victimes de morsures de vipère doivent calmement se faire transporter dans un centre hospitalier, contacter un centre antipoison et s’abstenir de poser un garrot, d’inciser ou de sucer la plaie...

Nomenclature internationale...

On connaît plus de 3 500 espèces de serpents à travers le monde. Pour s’y retrouver, les naturalistes donnent un double nom (genre et espèce), dit « nom scientifique », à chaque espèce : ex Natrix maura. Ces noms latinisés ne servent pas seulement à faire chic ; ils permettent aux scientifiques du monde entier de se comprendre en dépassant leurs langues nationales ou régionales. Ces noms scientifiques sont les seuls à être valables partout et font donc référence dans les textes de lois visant à protéger les espèces, comme la convention de Washington ou la convention de Berne.